lundi 2 juin 2008

Le récif maudit - Henry de Monfreid

C'est avec un immense plaisir - d'autant plus jouissif que je ne m'attendais pas à trouver ce livre perdu aussi loin des sept mers - que j'ai découvert les écrits de ce monsieur de Monfreid, aventurier s'il en est. Ou plutôt s'il en était. Car à notre époque où les héros de pacotille, d'aucuns diront de supermarchés – signe des temps – font florès, il est un peu triste, mais certainement lucide de devoir se plonger dans le passé pour goûter à l'aventure, la vraie, celle avec des poils, de la sueur et du sel. Feu le 20ème siècle emporta avec lui les dernières grandes découvertes et force est de se résigner à une attitude admirative, contemplative et, ne le cachons pas, emprunte d'envie et de jalousie envers ces existences hors du commun, telle celle d'Henry de Monfreid.

Certes, l'on peut concevoir que tout le monde ne peut être transi de nostalgie d'une époque où le trafic d'esclaves et la contrebande d'armes était, si l'on puit dire, monnaie courante. Mais est-ce tellement différent de nos jours ? Différence, s'il y a est que le romantisme éperdu bien que mâtiné d'un solide réalisme a laissé, définitivement, place au fric. Monfreid, à mi-chemin improbable entre un Rimbaud et un Bouvier, pour sa manière de s'imprégner de l'environnement dans lequel il évolue – il ira jusqu'à se convertir à l'Islam pour mieux s'intégrer à la région et se faire respecter de ses hommes, malgré un penchant pour le Chianti des comptoirs Italiens de la corne de l'Afrique – et pour son absence de jugements simplificateurs et condescendants chers à l'homme Blanc entouré de Noirs sur la mer Rouge. En quelques mots, disons que « le récif maudit » nous narre l'histoire d'un Monfreid, un homme libre sur son boutre, « seul maître à bord après Dieu », qui traficote ce qu'il peut sauf quand il se démène pour aider un ami à conquérir sa bien-aimée.

Mes hommes eux aussi se passionnent mais leurs cris de joie ne s'adressent pas à des chimères; ils ne voient que le mince trait lumineux du sadaf dont la nacre se vent très cher et qui peut-être renferme la perle rare... et pour eux tout cela signifie le troupeau de chameaux, les moutons à queue grasse ou la femme nouvelle. Chacun a sa chimère qui toujours et partout nous soutient dans la misérable réalité.


http://www.henrydemonfreid.com

4 commentaires:

Frederic Ojardias a dit…

Un homme libre sur son bateau, et qui du reste n'en a rien a boutre !

Frederic Ojardias a dit…

Dis donc l'ami il etait pas trafiquant d'armes de Monfreid ?

On lui pardonne parce que c'etait un aventurier et qu'il ecrivait bien ?

julien a dit…

Pardonner quoi ? Je n'ai jamais eu le moindre grief envers les trafiquants d'armes (sans doute mon côté Charlton Heston, Ben Hur, la planète des singes, tout ça), de drogues ou de quoi que ce soit. Il y a eu des allégations, démenties par ses descendants, qu'il avait également marchander esclaves; ça reste flou. Les armes, comme le reste, tout dépend de ce qu'on en fait. Coupable s'il y a sont ceux qui vont s'en servir à des fins néfastes. Sachons rester par delà bien et mal, cher ami !

J'essaierai de revenir sur ce type au fur est à mesure que je trouverai de ses livres, il a eu une existence aussi longue que palpitante. Et, oui, il écrit bien.

julien a dit…

Et là Fred vient de s'apercevoir de sa bévue : il s'est associé à une entreprise pro-militariste et archi-réactionnaire à la solde des laquais impérialistes, ou, pire des pires révisionnistes qu'ils soient inféodés au complot judéo-maçonnique voire à l'infâme Daila-Lama et sa clique théoguidée ! Vite un topic sur un film brillant de Michael Moore !