samedi 7 juin 2008

Mazar-e-charif

Enfin ! Après deux semaines enfermé à Kaboul de retour sur la route. La première étape est la grande ville du nord du pays Mazar-e-Charif « le noble écrin ». Pourquoi un tel sobriquet me direz-vous ? Tout simplement car s'y trouve le tombeau d'Ali, gendre et cousin du Prophète dont l'ordre dans la succession au Prophète est à l'origine du schisme entre chiites (les « partisans » d'Ali), qui estiment qu'il est le successeur direct du Prophète, et sunnites (ceux qui suivent la conduite du Prophète) qui le considèrent comme le quatrième imam. La crypte contenant la dépouille est nichée à l'intérieur de la somptueuse mosquée bleue.

Mazar est en effet un haut-lieu du chiisme dans un pays majoritairement sunnite et a été un foyer de résistance important aux taliban (sunnites et majoritairement Pachtoun, ethnie originaire du sud du pays). Ces derniers ont tout de même réussi à prendre la ville en 1997 et ont effectué des exactions sur les populations civiles dominées par les ethnies Tajik et Ouzbek.

La ville a toutefois été épargné par la plupart des atrocités de la guerre civile qui a éclaté après le retrait des soviétiques grâce au très controversé général Ouzbek Dostum, fameux pour ses changements d'alliances. Pour simplifier : il aura été allié dans l'ordre avec les soviétiques, les taliban, et pour finir avec la coalitions anti-taliban composée les américains et des partisans de Massoud. La petite anecdote veut que pour montrer son allégeance à cette dernière, Dostum n'a pas hésité a rafler quelques milliers de taliban, à les enfermer dans des conteneurs et à les laisser crever dans le désert. Bref, un brave type. Il a encore un certain pouvoir – il est chef d'état major de l'armée Afghane (!!), mais ce titre est surtout honorifique - et joui d'une influence dans le nord mais est surtout protégé par les américains et de ce fait ne risque pas grand chose.

La ville est plutôt prospère et suffisamment sûre pour pouvoir s'y balader en toute tranquillité. Luxe que Kaboul ne permet que dans certaines limites. Un peu d'air frais (en fait chaud, très chaud !) et qui permet de mieux goûter à ce pays décidément très riche et attachant. Et puis aussi de se dégourdir enfin les pattes !