vendredi 10 octobre 2008

Un Parcours Semé d'Embûches

Deux nouveaux billets vont dès 2009 damer le pion au billet de 10 000 wons : le billet de 100 000 wons à l’effigie de Gu Kim, leader emblématique de l’indépendance et sixième président du gouvernement provisionnel de la République de Corée durant l’occupation japonaise, et le billet de 50 000 wons à l’effigie de Shinsa Imdang, artiste coréenne du 16ème siècle considérée comme la femme idéale. Jusqu’à présent, les achats de biens et de services en monnaie fiduciaire s’effectuent par le biais de billets de banque dont la valeur faciale est de 10 000 wons (environ 7,5 dollars), 5 000 wons et 1 000 wons. Malgré l’existence de chèques bancaires de 100 000 wons à 10 millions de wons acceptables un peu partout sur la péninsule, l’absence de grosses coupures est un problème de taille pour tout consommateur. Beaucoup de coréens se trimballent ainsi avec un paquet de billets dans leur portefeuille afin de réaliser leurs emplettes. L’achat en espèce, à la différence du paiement par carte, permet encore de marchander chez certains commerçants. Jadis, un billet vert à l’effigie du grand roi Sejong permettait de s’octroyer pas mal de choses. A la fin des années 80, on pouvait par exemple s’offrir une centaine de glaces Jaws Bar ou une centaine de nouilles instantanées Yook-eh-jang à 100 wons l’unité. Aujourd’hui, 10 000 wons permettent à peine d’acheter une boisson dans un café branché de Kangnam. Le prix des biens et des services a été multiplié par 12 et le revenu national par 150 depuis la mise en circulation en 1973 du billet de 10 000 wons.



Les deux nouveaux billets de banque coréen



Les partisans des nouveaux billets de banque ont, semble-t-il, réussi à surmonter la principale inquiétude des autorités : l’introduction de grosses coupures favorise la circulation d’argent sale et l'évasion fiscale. La Commission Indépendante contre la Corruption s’était officiellement opposée à la création de ces billets de banque. En effet, une grosse boîte en carton est nécessaire pour remplir 100 million de wons (75 000 dollars) en coupure de 10 000 wons. Concernant les chèques de banque, l’identité de l’émetteur doit être fourni au dos de ces derniers. Pas facile alors d’opérer dans la discrétion. La Corée du sud est régulièrement montrée du doigt pour les caisses noires et les dessous de table de ses grandes enterprises. Le président de Samsung a connu une surexposition médiatique l’année dernière pour cette raison. La Corée se classe seulement quarantième dans l’Indice de Perception de la Corruption 2008 de l’organisation Transparency International, devancée par des pays comme le Bostwana, Malte ou Porto Rico. La décision sera finalement prise en 2007 par la Banque de Corée d’émettre des gros billets comme les autres pays de l’OCDE, en abandonnant notamment l’idée d’une redénomination du won, projet ambitieux mais coûteux dans sa réalisation.

Alors que ces deux billets sont actuellement en phase de finalisation, le gouvernement tente de suspendre l’émission du billet de 100 000 wons en raison de la controverse sur la présence de Dokdo sur le Daedongyeojido (Grande Carte de Corée), présent sur le verso du billet de banque. Ces îles qui font l’objet d’un contentieux territorial entre le Japon et la Corée du sud sont effectivement absents sur l’oeuvre originale de 1861 de Jeong-ho Kim. Dessiner Dokdo sur cette carte historique provoquerait des problèmes diplomatiques selon le ministre des affaires étrangères et certains hauts responsables. Pour d’autres, l’absence de ces îles est tout bonnement impensable, d’autant plus que Gu Kim, symbole de la résistance japonaise, est au recto de ce billet. Le gouvernement a ainsi décidé d’interrompre l’émission du nouveau billet de 100 000 wons tant qu’une décision claire n’aura été prise.



Pas de Dokdo sur le Daedongyeojido



En revanche, bonne nouvelle pour le billet de 50 000 wons à l’effigie de Shinsa Imdang : celui-ci sera bien disponible début 2009. Jusqu’à présent, personne n’a cherché a se plaindre des fleurs Ume dessinées par le peintre Mong-Ryong Eo au dos du billet.

2 commentaires:

Fabien a dit…

Et pourtant, des plaintes a propos du billet de 5man, il me semble qu'il y en a eu, de la part des organisation feministes : en effet, la "femme ideale" du billet est l'image de la mere obeissante et soumise, un personnage que beaucoup d'association auraient aime ne pas voir comme premiere femme sur un billet de banque Coreen.

julien a dit…

Article très intéressant en effet Vincent ! L'histoire de la carte avec Tokto est ahurissante quand même ... Quant à Sinsa Imdang, il y a une grande statue à son effigie dans 사직 공원 au pied d'inwangsan (et à côté du mausolée de Tanggun qui n'est pas né en Corée du nord comme Fred, porte-parole du Mal, l'affirme !).