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vendredi 27 février 2009

Seoul dans ses ruines

Le drame de Yongsan dont parlait Vincent sur ce blog est arrivé il y a maintenant un mois. L’assaut brutal de la police contre le bâtiment où s’étaient réfugiés les manifestants qui luttaient contre la destruction de leur quartier avait laissé 5 morts parmi ces derniers, et un mort parmi les policiers. Les magistrats en charge de l’enquête ont conclu que les manifestants étaient les uniques responsables du drame. Le chef de la police a démissionné pour la forme, et n’a pas été autrement inquiété. Le dossier semble clos. Le souvenir du drame s’efface déjà.

Et sur place, qu’en est-il ?



Les activistes sont toujours là. Ils ont investi le premier étage du bâtiment où le drame au eu lieu. Ils sont accompagnés de deux cars de CRS et d’une journaliste bizuth au Hankyoreh, qui grille une cigarette et semble s'ennuyer un peu. Au rez-de chaussée du bâtiment en ruine, une pièce mortuaire avec les portraits des cinq disparus, devant lesquels brûle une bougie et de l'encens.


Juste à côté, un bus de police défoncé et brûlé sert de panneau d'affichage. Caricatures, dazibaos, pamphlets, peintures. Des cris de rage et de désespoir contre une Corée qui abandonne de plus en plus d'exclus. Les activistes s'expriment. Personne n'écoute.






Derrière le bus, une poignée de flics fument en silence, accoudés sur leurs boucliers anti-émeutes. C'est calme.

Les passants passent. La gare de Yongsan est juste en face, avec son quartier rouge et ses immenses centres commerciaux modernes. Les badauds manifestent peu d'intérêt. Ils sont arrêtés par des grands-mères qui leur demandent de signer des pétitions. Certains signent. La tragédie attire toujours la sympathie, quand même.

Nous marchons dans les rues du quartier dévasté, promis au bulldozer. Pas une âme. Un Family Mart est toujours là, intact. Il reste même des produits sur les étagères. D'autres magasins sont défoncés, vitres brisées et amas d'ordures à l'intérieur. Des graffitis obscènes et menaçants ont été laissés par les gangsters qui ont été chargés de vider les habitants.





L'église du coin, en brique rouge, semble avoir été protégée. Sera-t-elle épargnée par les new towns ? Un coiffeur ouvre toujours boutique, et affiche des pamphlets de résistance contre sa vitrine. Son magasin est vide.

En arrière-plan, la silhouette vaguement menaçante des grandes tours nouvellement construites et vides assombrit l'horizon. Solitude.

Le marché autrefois convivial et chaleureux est devenu une décharge. Au milieu des ruines, une grand-mère obstinée continue à vendre trois légumes. Sa silhouette est courbée, son regard éteint fixe le monceau de débris devant elle ; dans la ruelle déserte, le vent emmène quelques prospectus déchirés.

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dimanche 8 février 2009

Tradition Farineuse

Détrompez-vous, nous ne sommes ni mardi-gras ni le jour de la Chandeleur. Après la cérémonie de remise des diplômes (au mois de février en Corée), les collégiens et lycéens coréens célébrent de manière far(am)ineuse leur entrée dans la cour des grands. La farine est bien entendu au centre de cette exercice juvénile mais d'autres ingrédients comme les oeufs ou les sauces de cuisine sont venus s'ajouter à la recette initiale pour rendre la chose plus ludique. On va même jusqu'à déchirer ou découper en lambeaux les uniformes dont le prix atteint parfois 700 000 wons (environ 500 dollars). Une tradition de plus en plus grandissante qui amène parfois à quelques excès ou coups de vice envers les abstinents, limite proches du bizutage.


Mes félicitations!


Attend, il en reste un peu


Nouvelle mode, déchirer ou découper son uniforme


Petite pause avant de repartir au front


La crève s'invite éventuellement à la tradition



Les filles ne sont pas en reste

Jadis Sungryemun

Vieilles photos des années 1880 de Sungryemun (plus connu sous le nom de Namdaemun ou Grande Porte du sud) prises par l'allemand Edvard Mayer, fondateur de Sechung, première entreprise commerciale sud-coréenne. Les photos, conservées comme souvenir par les descendants de Mayer ont été exhumées par le conservateur du Musée d'Honneur du centre médical Dongsan de l'université de Keimyung. Ces nouvelles (ou anciennes) images insufflent un brin de nostalgie aux sud-coréens, séparés de manière ahurissante de leur trésor national numéro 1* par un incendie criminel l'année dernière.

* Sungryemun, en pleine restauration, reste le trésor numéro 1 de la nation, devant la Pagode en Marbre du Monastère de Wongak.


Sungryemun



La ville fortifiée de Séoul



Vue de Namsan

jeudi 5 février 2009

Meurtres en Série

La Corée du sud a connu une semaine agitée suite à l'arrestation le 28 janvier d'un homme de 38 ans soupçonné d’avoir kidnappé et tué une étudiante de 21 ans près d’Ansan, ville située au sud-ouest de la province de Gyeonggi. Le corps a été retrouvée dans une rizière, 37 jours après que la jeune femme soit portée disparue. La victime a été aperçue pour la dernière fois près de l’arrêt de bus du centre médical de Gunpo. Selon les enquêteurs, le mobile de Ho-sun Kang était le viol et le vol. Le meurtrier a attiré sa victime dans son véhicule pour lui subtiliser sa carte de crédit avant de l’étrangler avec ses bas de nylon. 700 000 wons (environ 500 dollars) ont été retirés avec cette carte dans une agence Nonghyung Bank. Par la suite, Kang a mis le feu à sa voiture et celle de sa mère afin de détruire les preuves de sa culpabilité. Les caméras de surveillance de l’agence bancaire et du trafic routier ont permis à la police de mettre la main sur le meurtrier. Ce dernier possède entre autres un casier judiciaire faisant état de plusieurs condamnations.

Ce petit crime de quartier ne s’arrête malheureusement pas là. Tout porte à croire que Kang soit aussi l’auteur d’une série de meurtres non-résolus dont les faits remontent jusqu’à décembre 2006. Les enquêteurs ont en effet retrouvé un couteau de cuisine, des cheveux de femme et une bague en or dans le véhicule de Kang garé dans sa ferme à Suwon. Branle-bas de combat des autorités publiques : l’Institut National de l’Enquête Scientifique a examiné les objets trouvés, des centaines de policiers ont procédé à la fouille de la propriété dans le but de découvrir d’éventuels nouveaux indices tandis que plusieurs profileurs criminels ont pris part aux interrogatoires. Une des zones d’ombre de la vie de Kang demeure l’incendie de son domicile en octobre 2005, entraînant la mort de sa quatrième femme et de sa belle-mère. Le veuf accompagné de son fils avait alors réussi à s’extirper de la maison en feu. Kang avait par le plus grand des hasards souscrit deux polices d’assurances avant que sa demeure ne s’embrase. Il reçut en dédommagement la bagatelle de 480 millions de wons (environ 350 000 dollars).

Fin janvier, retournement de situation. Alors que jusqu’ici il niait toutes ces accusations, Kang signe sa reddition en confessant le meurtre de sept femmes toutes portées disparues depuis ces deux dernières années. A l’instar de son dernier acte en date, Kang aurait approché ses victimes afin de les violer, les voler et les étrangler. Les corps ont ensuite été enterrés dans des zones à l’abri de tout regard. Kang présentera ses excuses devant les camera d'une voix calme et sans conviction qui tranche avec celle de criminels habituels. Suite à sa confession, le tueur en série a procédé début février à une reconstitution des scènes du crime dont la similitude à celle du film noir de Chang-wook Park Lady Vengeance est plus que troublante. Kang et la police ont visité les villes de Gunpo, Suwon et Hwaseong à cet effet. Les corps étaient effectivement là. Tour à tour, le meurtrier, dont le visage est masqué par son manteau et sa capuche, montrera comment il a étranglé puis enterré ses victimes. La colère des badauds présents sur le lieu était sans retenue : Des regards enflammés convergaient sur le criminel, et le large cri, multiple, la voix syncopée et immense de la foule s’élevait pour vociférer un “à mort” presque cérémonial. “Enlevez-lui sa casquette!” s’exclamait l’un d’entre-eux. Une grand-mère de 80 ans habitant près des lieux du crime se disait prêt à vouloir le tuer. Le terrible cri résonnait dans l'air de ces lieux désertiques à plusieurs reprises: "A mort!”. La police a eu du mal à contenir une foule soudainement prise d'une passion vengeresse.


Résumé géographique des crimes



Scène de reconstitution d'un des meurtres


Le tueur, accusé au total de sept meurtres commis entre décembre 2006 et décembre 2008, fait l’objet d’une vive controverse à l’échelle nationale : Pour ou contre montrer le visage des présumés coupables? En Corée du sud, les suspects ont le droit de masquer leur visage même après avoir confessé leurs crimes. Cette pratique remonte à une directive de la police en 2005 : “Les images révélant l’identité des suspects et des victimes ne doivent pas être prises dans les commissariats” afin de protéger les droits des victimes mais également les droits des suspects. La Commission Nationale des Droits de l’Homme a également donné un avis dans ce sens. Kang a ainsi été présenté à la presse muni d’une casquette, d’un masque et de la capuche de son manteau. Furia du public qui réclame le visage du coupable. Les médias ont décidé d’être fédérateurs. La photo d'identité judiciaire a été publiée par le JoongAng Ilbo et le Chosun Ilbo. Les chaînes de télévisions nationales ont ensuite emboîté le pas en dévoilant des images de Kang à visage découvert.

Une polémique similaire avait éclaté lors des arrestations de deux autres tueurs en série en 2004 et 2006. La véhémence coréenne s'est finalement estompé avec le temps. Avec ce nouveau cas, le débat est-il réouvert? En attendant, les ventes d’alarmes portables et de nunchakus ont augmenté suite à l’arrestation de Kang.


Entretien à visage caché

samedi 24 janvier 2009

Bonne Année!

C'est le nouvel an lunaire. Retour au bercail pour voir la famille. Toute sortie de la ville devient un véritable périple digne de l'Exode vers le pays de Canaan. Ma famille habite à Séoul et se réunit durant le nouvel an grégorien. Ca évite les escapades périlleuses et les heures de stress au volant.

Quelques photos pour apprécier l'ampleur du défi à relever (n'oubliez pas, c'est l'aller et le retour dans les bouchons) :



mardi 20 janvier 2009

Virtualité Réelle

Il s’agit probablement de la nouvelle la plus sordide que j’ai pu entendre jusqu’ici. Un lycéen, poursuivi pour diffamation, vient de se donner la mort en se jetant de son immeuble mardi matin. Agé de 14 ans au moment des faits, le jeune garçon aurait insulté un avocat sur le forum du jeu online Lineage. L’accusé a insisté auprès de ses parents qu’il n’était en rien l’auteur de ses propos diffamatoires. La police affirme que le joueur était devenu un membre du réseau virtuel en utilisant le numéro d’identification national de son père en 2006. L’avocat a porté plainte auprès de la police en vertu de la loi sur les télécommunications suite aux propos tenus par le lycéen. La police a rejeté la demande en statuant que le père du lycéen n’était pas l’auteur des faits. L’avocat a alors décidé d’intenter un procès pour réclammer dommages et intérêts à l’encontre du père en 2008. La cour de justice a ordonné au père de verser la somme d’un million de wons (environ 570 euros) pour n’avoir pas su empêcher son fils de commettre cette faute. Insatisfait de cette somme dérisoire, l’avocat a décidé de faire appel. L’auteur présumé des propos diffamatoire a dû émettre une excuse officielle devant la cour de justice en voyant la situation s’envenimer. l’avocat était “perplexe” suite à l’annonce du suicide de l’adolescent. Il affirme en effet avoir abandonné les charges retenue contre le père le 15 janvier de cette année suite aux difficultés financières rencontrées par la famille du défunt.

Le jeu vidéo en ligne Lineage semble apparemment réunir en son sein une tripotée d’imbéciles dont le seul but est l’appât du gain. Créé par Ncsoft en 1998, le jeu massivement multi-joueurs en ligne a recueilli jusqu’à trois millions d’adeptes en Corée du sud. Certains parlent de drogue virtuelle. On compte parmi les joueurs un nombre important de mineurs et de personnes sans-emploi. Les accros peuvent rester connectés plusieurs journées à la suite. Lineage a notamment ruiné la carrière du talentueux footballeur Joonso Go. La particulier du jeu réside surtout dans la possibilité d’acheter et vendre entre joueurs des objets pour son avatar. Les dérives sont alors facile à imaginer. En 2003 par exemple, un blanc-bec de 17 ans et trois accolytes ont escroqué la somme rondelette de 140 millions de wons (environ 80 000 euros) à 350 joueurs fanatiques. Les malfaiteurs ont vendu des objets fictifs à des prix défiants toute concurrence. Certains objets inédits peuvent effectivement être vendus à 5 millions de wons (environ 2800 euros) l’unité. Afin d’éviter ce genre de manigance, des sites internet offrent exclusivement des services de chambre de compensation pour les transactions d’objets en ligne. Mais l’argent n’est pas seulement le seul moyen de réglement. Des cas de cession d’objets ou de personnages en échange de faveurs sexuelles ont été relevés par la police. Heureusement, le phénomène semble se tarir : le nombre de connexion est en nette baisse principalement en raison de la sortie de nouveaux jeux onlines dont... Lineage II.


Attention, joueur accro

Désastre Manifeste

On comptait ce mardi six morts et une vingtaine de blessés à l’issue d’une manifestation organisée par des petits commerçants lésés du quartier de Hangangro-2ga dans le district de Yongsan. Les pompiers ont retrouvé les corps à l’intérieur d’un bâtiment dévasté par les flammes. Comment est-on arrivé à ce résultat dramatique?

En mai 2008, la ville de Séoul annonce le développement de Yongsan Link, un immense projet censé rattacher la gare de Yongsan au Musée National de Corée avec des espaces verts et des tours gigantesques que les coréens affectionnent tout particulièrement. Le sous-sol, deux fois plus grand que le COEX de Samsung-dong à Kangnam, abritera à l’instar des Halles de Paris une véritable ville entière avec son lot de centres culturels, grands magasins, hôtels et autres lieux de commerce.


Yongsan Link (la gare actuelle de Yongsan est visible en haut de la photo)


Promoteurs, constructeurs, propriétaires, tous se frottent les mains à l’idée d’un tel projet de construction au coeur de Séoul, seul lieu sans véritable zone commerciale et résidentielle de renom en raison des bases militaires américaines dispersées dans le district de Yongsan. Tous? Non, un petit groupe d’irréductibles, principalement des petits commerçants, demande avec détermination une compensation financière plus conséquente suite à la fermeture de leur commerce. Le quartier, jadis florissant de petites boutiques, de restaurants et d’un petit marché permanent aux allures de souk, est désormais bouclé. Les bulldozers ont investi les lieux depuis quelques mois seulement. Lorsqu’un projet de cette envergure se dessine à l’horizon, l’intimidation prend rapidement le pas sur la négociation. Les anciens propriétaires du quartier ont tout simplement viré leurs locataires, acculés à déclarer en cessation de commerce. Leurs indemnités, si elles existent, sont dérisoires. Difficile dans ces conditions de rester les bras croisés. 120 personnes habitent encore les lieux alors que les démolitions sont en cours.


Des manifestants visiblement pas contents


Depuis le début des travaux, une quarantaine de personnes ont manifesté aux alentours du quartier sans provoquer de heurts majeurs. Lundi matin, les manifestants ont décidé de passer à l’action en s’enfermant à l’intérieur d’un bâtiment de cinq étages du quartier. Munis de pierres et de projectiles, les irréductibles ont repoussé inlassablement toutes les tentatives d’approche par les employés des entreprises de démolition et les forces de l’ordre. Suite à l’arrivée des forces spéciales de la police et d’une grue pour atteindre les étages supérieurs, les manifestants ont sorti les explosifs artisanaux et les jerrycans de liquides inflammables et combustibles. Le siège tourne au drame avec le toit en flamme. Au final cinq manifestants et un policier seront retrouvés sans vie sous les décombres.


Tiens, dans ta gueule!


Les manifestants étaient également munis de lance-projectiles efficaces


"Descente" aérienne des forces spéciales de la police


Le feu sur le toit


Indécrottable


Ce drame tombe mal. Le président Myungbak Lee venait juste de nommer Seokki Kim pour mener l’Agence de Police Nationale. On repprochait notamment à l’ex-chef de la police de Séoul sa gestion violente et autoritaire lors des manifestations à la bougie anti-boeuf américain. Du pain bénit pour l’opposition. "La première réalisation (de Kim) à la tête de la police nationale est la répression sanglante contre des citoyens ordinaires", s’est exclamée la porte-parole du Parti Démocrate. Les partis d'opposition réclament la démission immédiate des responsables de cette affaire.

Le quartier de Yongsan, d’ordinaire calme et fluide, était ce soir encore paralysé.

lundi 19 janvier 2009

Découverte Fortruite

C'est en cherchant une solution de rechange à mes vacances en Asie du sud-est que j'ai trouvé par hasard (pour être honnête, c'était en première page d'un grand quotidien national) ce rendez-vous typiquement coréen.

Du 7 janvier au 1er février, les amateurs de truites de rivière pourront à la fois exercer leur talent de pêcheur et satisfaire leurs papilles gustatives au Festival de Glace de Sancheoneo à Hwacheon (province de Gangwon). Basé sur la rivière de Hwacheongang, l’événement rassemble chaque année plus d'un million de participants (jusqu'à 135 000 visiteurs par jour le weekend) prêts à tout pour capturer celle que l’on appelle “la reine des vallées”. Des trous éparpillés tout au long de cette rivière gelé de 2km de longueur et de 100 mètres de largeur sont à la disposition des festivaliers. Les plus braves tenteront d’attraper à main nue cette truite fort agile tandis que d’autres utiliseront la méthode plus traditionnelle de la canne à pêche. Accessoirement, le lieu se transforme en gigantesque cantine à ciel ouvert : sashimis et sushis en tout genre se dégustent dans une foule sans cesse grandissante.


Aussi fort que la plage en été



Décidement au Pays du Matin Calme, on aime bien faire les choses en groupe

dimanche 4 janvier 2009

Boire ou ne pas Boire

Résultat d'un sondage coréen qui vaut son pesant de cacahuètes.

“Que la nouvelle recrue vide son premier verre même si elle ne consomme pas d’alcool” - Yonhap News


“Un nouvel entrant qui ne consomme pas d’alcool mais qui vide son premier verre et qui quitte les bureaux avant son supérieur après avoir demandé s’il reste du travail à lui confier sera apprécié par sa hiérarchie”.

Tel est le type de réponses données par les responsables des ressources humaines au sujet des problèmes confrontés sur le lieu de travail par les jeunes recrues. Suite au sondage effectué par le site de recrutement incruit.com auprès de 234 responsables des ressources humaines, 79.5% (186 personnes) ont répondu par la positive à la question “avez vous des nouvelles recrues qui vous plaisent?”. 51.6% des sondés donnent comme principale raison “sa mentalité joyeuse et positive” et 38.7% “son attitude attentionnée et sincère”.

Lorsqu’une nouvelle recrue se voit offrir de l’alcool alors qu’elle n’en consomme pas, 66.7% des responsables des ressources humaines lui préconisent “de boire le premier verre par courtoisie et d’éviter les verres suivants du mieux que possible”. ‘Mettre de l’ambiance en faisant le spectacle en guise d’alcool’ (16.7%) et ‘refuser courtoisement un verre sous prétexte de ne pas boire d’alcool’ (15.4%) sont des méthodes relativement peu plebiscitées.

Concernant l’heure de départ tardive du lieu de travail malgré la présence de son supérieur, “poser la question ‘Puis-je vous être utile en quoi que ce soit?’ et d’attendre les ordres de son supérieur” a été la réponse la plus citée. ‘Faire de la présence jusqu’à ce que le supérieur parte’ (15.4%) et ‘partir en avance en avisant son supérieur’ (11.5%) sont des exemples de réponses peu conseillées.

En cas de ‘retard au travail suite à un réveil tardif’, il est fortement recommandé d’“appeler son supérieur pour lui expliquer honnêtement la raison du retard et d’obtenir sa bienveillance” (78.2%). “Appeler un collègue de travail pour lui demander de s’excuser auprès de son supérieur” (7.7%) et “offrir des boissons et des snacks à son équipe pour se repantir après être arrivé au bureau” (2.6%) sont des actes à éviter.



En Corée du sud, ne pas savoir boire d'alcool peut s'avérer être un handicap majeur dans le cadre professionnel. Les soirées alcoolisées ne sont pas seulement l'apanage des commerciaux et des métiers 'masculins' pour les affaires. Une autre forme de dérapage éthylique subsiste au sein du lieu de travail. Une bonne ou mauvaise nouvelle sera l'excuse parfaite pour organiser le hwaesik (littéralement 'repas en groupe'), dîner arrosé entre collègues où les devises d'entreprise et les clinquements de verres d'alcool sont la marque de fabrique. On parle, on mange, mais on boit surtout. Le chef d'équipe est souvent à l'origine de cette mobilisation soi-disante professionnelle, histoire de bonifier les troupes ou de favoriser l'intrégration des nouveaux entrants. On notera au passage l'approbation systématique du petit sous-chef, spécialiste des courbettes à 90 degrés. Selon le type d'établissement et de patron, la fréquence de ces rassemblements peut être élargie à volonté sans être volontiers.

Les hwaesiks représentent ainsi la hantise de nombreux salariés, en particulier pour les femmes. La présence de la jeune recrue est plus qu'obligatoire. Difficile pour les autres d'échapper à la règle surtout si le chef de service répond présent. Boire sans broncher est un exercice de style. Le jeune capable d'aligner au moins trois bouteilles de soju et de chanter comme bel canto au karaoké, prolongement indispensable du hwaesik idyllique, obtiendra la bénédiction de ses supérieurs. En revanche, la personne refusant de "coopérer" en prendra pour son grade. Un joli spectacle qui nous rappelle combien il est parfois difficile de se faire aimer au pays du matin calme.

Un reportage de France24 permet de se familiariser avec cette pratique et d'en comprendre les bouts et les aboutissants.


Pas de doute, ça donne envie

dimanche 21 décembre 2008

Culture Pub

Petite revue en images de la publicité sud-coréenne:




C'est ce que l'on appelle avoir l'oreille musicale

Annonceur : Samsung Electronics
Agence : Cheil Worldwide



Le chewing-gum anti-crash

Annonceur : Lotte Confectionary
Agence : Daehong Communications



L'odorat du chat est quatorze fois plus développé que celui de l'homme

Annonceur : Yuhan-Kimberly
Agence : Ogilvy & Mather Korea




Conservons un paysage propre

Annonceur : Yuhan-Kimberly
Agence : Ogilvy & Mather Korea



Plus cliché, tu meurs

Annonceur : Shilla Duty Free Shop
Agence : Cheil communications




Un adoucissant hypoallerzénique

Annonceur : Pigeon
Agence : Hancomm



Comme vous le savez probablement, la peau blanche est un des principaux "canons de beauté" asiatiques

Annonceur : Skinfood
Agence : Diamond Ogilvy



No comment

Annonceur : Dunkin Donuts
Agence : inconnu

mardi 16 décembre 2008

Crise Immobilière

Les nouveaux complexes résidentiels du quartier de Pangyo de la ville de Sungnam (banlieue sud de Séoul) s’attendaient à voir leurs 637 propriétaires emménagés dès l'inauguration. Peine perdue. Seule une famille s’est installée dans un des 371 appartements flambant neufs du complexe Vers l'Amour. Quant à Nobleland et ses 266 nouvelles propriétés, il n'y a pas âme qui vive. Nonchalance des nouveaux résidents? Bien au contraire. Un fonctionnaire de la ville de Sungnam donne l’explication : “Un nombre important de nouveaux résidents n’ayant pu vendre leur appartement actuel ou recevoir le jeonsae (depôt de garantie équivalent à au moins la moitié de la valeur de l’appartement permettant au locataire de s’acquitter du loyer) n’ont pas pu s’installer comme initialement prévu. En raison de l’expiration de la durée du contrat, l’unique famille qui vient d’emménager n’avait également pas d’autre choix que de venir s’installer”. Situé à proximité de la petite ceinture séoulite, Pangyo se voulait être l’alternative idéale pour les personnes faisant la navette entre la banlieue sud et le sud de la capitale.


Le complexe Vers l'Amour


Le quartier de Pangyo, "ville nouvelle", a été créée de toute pièce par l'administration Roh pour répondre à la demande excessive en 2005 de logement à Kangnam (ville de Séoul) et Bundang (ville de Sungnam), quartiers résidentiels et commerciaux de standing. Le déséquilibre entre l’offre et la demande pour l’immobilier s’est ainsi répercuté de plein fouet sur le prix du foncier. Le phénomène s’est amplifié avec la participation de spéculateurs sans scrupule, des taux d’emprunt bancaires faibles et l’absence de politiques gouvernementales pour enrayer cette spirale infernale. En juin 2006, Séoul devenait la deuxième ville la plus chère au monde, devant Tokyo, Londres, Genève et New-York. Au plus haut de sa valorisation, le mètre carré à Kangnam dépassait les 12 millions de wons (soit 10 500 euros le mètre carré). A ce tarif, il était possible de s'offrir un pied-à-terre dans le 16ème arrondissement accouplé d’une résidence secondaire dans le 15ème arrondissement à Paris.


Pangyo avant les travaux


Pangyo aujourd'hui


Comment est-il possible alors de devenir propriétaire à ce prix? En Corée du sud, la vente d’appartement neuf s’effectue tout d’abord par boonyang, système de prévente et d’attribution d’appartement par tirage au sort. Le promoteur immobilier permet ainsi de couvrir une partie de ses frais avant même le début des chantiers tandis que le futur propriétaire aura la joie de s’offrir un appartement à prix discount. Les chances d’être tiré au sort augmentent en fonction du nombre de personnes à sa charge, du montant déposé sur le compte de souscription et de l’absence d’appartement enregistré à son nom. Il va s’en dire qu’un petit nombre de coréens rusent de mille façons pour augmenter leurs chances (souscription par un tiers, enregistrement de nouvelles personnes à sa charge etc.) car ces droits d’achat d’appartement, dans un marché où les prix ne font que flamber, peuvent être notamment revendus avec une plus-value conséquente à la clef. Pour la grande majorité, être tiré au sort constitue un préfinancement assuré avec un versement échelonné sur plusieurs années. il ne suffit plus que d'un prêt immobilier à taux bas, facilement accordé à l'époque, pour devenir propriétaire d’un appartement de luxe. En avril 2006, la demande pour des propriétés en boonyang à Pangyo était de 88 souscriptions pour 1 appartement.

Dans un souci d’enrayer la bulle spéculative, le gouvernment s’est décidé fin 2006 à mettre en place une série de mesures et de taxes destinées à dissuader le cumul d’appartement et la revente éclair. Parmi les mesures les plus coërcitives, il est par exemple interdit de vendre tout nouvel appartement situé sur un terrain publique localisé dans 16 zones spécifiques de la Corée (dont Séoul, Incheon et Gwancheon) pendant 10 ans (7 ans pour les appartements au delà de 85 mètres carrés). Avec l’arrivée de la crise du subprime et de la récession économique en 2008, le coût du crédit a augmenté de manière significative, réduisant considérablement la marge de manoeuvre des ménages, acculés sous le poids de leurs dettes et de leurs emprunts hypothécaires. Au final, un nombre important d’emprunteurs se trouvant dans l’incapacité de rembourser leur prêt n’ont même plus la possibilité de faire appel au marché immobilier, paralysé par une réglementation excessive, pour vendre leur appartement.

Pangyo n'est pas la seule zone affectée. Les nouvelles villes de Paju, Asan, Sooji ou Hwasung sont sur le point d'enfanter des résidences fantômes. La ville de Séoul, qui a entrepris de vastes projets résidentiels dans les quartiers de Jamshil, Banpo ou Gangdong, assiste, dans une moindre mesure, au même constat. Dans ce contexte si particulier, la grande branderie semble d'ores et déjà se profiler.


Les nouveaux appartements Park Rio de Jamshil



lundi 15 décembre 2008

Séoul, bonjour ivresse

Article intéressant du Libé sur les nuits agitées et bien arrosées au pays du matin calme. Quelques petites imprécisions mais le rythme adopté par le journaliste est en parfaite symbiose avec l’ambiance désincarnée et ultra speed des soirées frivoles sud-coréennes.



Séoul, bonjour ivresse

Article par Sean James Rose

Rendez-vous à Hongdae, dans le quartier de l'université de Hongik, on attend la Vjette Ari Kim qui va nous introduire au Banana Velvet. Il pleuviote. La nuit a sacrifié aux dieux du néon et des LED (light emitting diodes), ces minuscules points de lumière qui composent des panneaux publicitaires animés comme dans Blade Runner. La Corée n'entend plus être le pays du Matin calme, ou alors il faut entendre par cette quiétude matutinale la torpeur imbibée à laquelle aboutit un trek au bout de la nuit. « Hi Seoul ! », « Salut Séoul ! », le slogan dont s'est dotée la ville, désignée capitale mondiale du design pour 2010, sonne à nos oreilles plutôt comme « Bonjour ivresse ! ».
Vitrine policée. La mégalopole en expansion a beau faire pousser des architectures folles comme le Loop (ou Alternative Space Loop), un espace d'avant-garde à Seokyo-dong, ouvrir des promenades le long du canal à Myeong-dong, essaimer de l'art contemporain un peu partout : par-ci un Claes Oldenburg, par-là une titanesque installation de lumière évolutive dans le parc de Namsan, Electronic Fire, « l'anneau de feu » d'Alexandre Kolinka, cosignée Félicie d'Estienne d'Orves, ça c'est la vitrine high-tech et policée que veut bien nous montrer la municipalité. L'énergie de Séoul déborde la carte postale… Eteignez les bureaux ! Quand le gris matou du conformisme est parti, les souris de la night dansent. Ari Kim, alias VJ Spy, surgit. On la suit à travers les méandres du district étudiant et parmi les odeurs de poissons grillés vendus comme des petits pains à chaque coin de rue.
L'elfe à capuche fend la foule des badauds couche-tard et des noctambules à peine ressuscités pour nous conduire au Velvet Banana d'où refluent dès l'entrée des nappes de gros son. «Soirée hip-hop, ce soir, prévient Ari, c'est le DJ crew, 360 Sounds, qui organise. » «Hello Seoul ! Say yoh !», entonne un DJ fraîchement débarqué de Tokyo pour le Club Day, le quatrième vendredi du mois où, pour 15 000 won, un pass vous donne accès aux boîtes de Hongik. «Yoh, yoh, yoh !» reprend le public acquis au groove du Tokyoïte.

Energie bon enfant.

Ambiance décontractée – les lascars locaux sont fort bien élevés – au milieu d'une faune en baggy, casquette à l'envers, et très très jeune. On savait la génétique favorable aux Asiatiques en matière d'âge. Mais là on se sent ployer sous le poids des ans. Pour peu, on vérifie si c'est bien un ticket ou une carte vermeil qui nous a permis d'entrer. Dans un coin, un jeune peintre improvise un Basquiat, quelqu'un le filme pour les annales de cette «Factory» ad hoc ; plus loin une bande s'agrège autour d'un type qui sautille sur un rap épileptique. Le Velvet Banana dégage une tonne d'énergie bon enfant, mixte de cave estudiantine et de squat d'artistes. On y croise des étudiants étrangers comme Saïd Karlsson, un Suédo-marocain qui «adore les sets de DJ Jinmoo», et des gens de bureau, à l'allure juvénile, telle Kim Hae Lan, une car designer venue s'éclater le week-end.
Le niveau des décibels efface d'un revers de manche pêchu la soirée de la veille au Take Out Drawing, café arty à Seongbuk-dong. Petit flashback : atmosphère plus yin… Dans la galerie-salon de thé, au décor minimal, se rencarde une branchitude intello. Sur fond de Björk coréenne, Doo Seung discute de son projet de revue contemporaine « situationniste » : « Un magazine qui ferait bouger les lignes de manière transversale, tout aussi bien par les discours que le graphisme ou la mode. Son titre : Alook, ça signifie "tache" en coréen, parce qu'on veut faire tache dans le paysage des publications »… Le portable sonne, le même Doo Seung appelle et nous invite à l'anniversaire d'une copine qui travaille à la télé. On quitte le Velvet Banana dont on fait brusquement chuter la moyenne d'âge. Direction Gangnam, le quartier chic au Sud de Séoul. A l'entrée de l'immeuble des hôtesses nous accueillent comme dans un hôtel de luxe, sauf qu'on est dans un immense karaoké. Dans l'une des salles où se déroulent de gargantuesques agapes, on retrouve notre ami Doo Seung qui a un peu oublié Guy Debord et son projet. Le crooner amateur pousse la chansonnette devant un clip sucré dont on comprend qu'il s'agit d'une histoire d'amour impossible… L'heure avance et demain est une autre nuit.

«Gan-bae !»

«Gan-bae ! Allez, on trinque !» Malgré ses airs de poupée, sa robe rose bonbon, sa petite fourrure de starlette et ses accroche-cœurs d'ébène, la mignonne boit cul sec. «Gan-bae !» Elle remet ça illico presto. Hèle la patronne de l'échoppe et recommande, pleine d'allégresse avinée, le soju, l'alcool de riz coréen, et le maeju, la bière. Ingrédients nécessaires à son cocktail explosif : le pok-tan ju, la « bombe ». Tout bon fêtard séoulite qui se respecte s'en enfile une série avant de sortir en club. L'ajuma, la matrone, qui ne s'émeut guère de la soûlographie de la jeune fille, apporte les mille et un mets – le riz, la soupe, le kimchi, le plat national, le chou mariné au piment et à l'ail. On est assis à même le sol, le cul posé sur des coussins très fins (le restau coréen traditionnel c'est yoga plus biture) et l'on mange à l'aide de baguettes plates et pointues en métal (autre exercice de dextérité qui pourrait s'assimiler à un alcootest). Si l'œil s'émerveille de tant de variétés : graines de lotus, radis noirs, poissons frits, poitrine de porc grillée ; les papilles s'affolent devant ce vertige de saveurs où se marient huile de sésame, gingembre et autres épices, et le palais brûle au feu de l'omniprésent piment. «Gan-bae !» Notre fil rouge, ce soir, n'est autre que Nancy Lang, artiste contemporaine et vedette déjantée d'un talk-show sur une chaîne de télévision chrétienne. Nancy est une glamoureuse baby doll asiatique, rigolote pin-up dotée d'une fraîcheur que n'atteignent pas les scuds à base de soju. Elle n'a pas pris l'option daeri driver, l'ange gardien qu'on paie pour vous ramener chez vous plutôt qu'au cimetière, elle n'est accompagnée que de Chanel, son fidèle chaton (en peluche).

Très lookés.

Après avoir cherché une place « sans créneau », Nancy gare enfin sa Mini japonaise – qui doit sûrement être équipée du même GPS que lady Penelope dans les Thunderbirds ou avoir une fonction conduite automatique, vu le taux d'alcoolémie de la conductrice. On est à Itaewon, quartier historique des GI's pendant la guerre de Corée et aujourd'hui des « expats », en grande partie des ingénieurs et des designers automobiles. Nancy nous mène au pied d'une tour, au Volume, temple de l'électro à Séoul. Encore un paradis des lasers et des LED. Cônes de lumière à la Anthony McCall et écran géant de diodes luminescentes où apparaît l'archiprêtre des platines. Tous attendent la grand-messe du DJ allemand Markus Schulz ; lorsqu'il officie, la fosse est en émoi. La liturgie est un peu « panzer-techno», très Ibiza du siècle dernier. Visage lisse et sophistication capillaire hallucinante, les aficionados sont décidément très lookés, habits noirs, blancs ou en camaïeu de gris. Super clean (ici, tu ne dis pas l'heure au dealer). Ils dansent et ne transpirent pas. Sont-ce des replicants ? «Gan-bae !» gin tonic à la main, Nancy nous rejoint, ouf, un humain. On trinque, on discute, on offre un verre à la charmante solitaire. Un garçon impavide s'avance vers nous, cette fois c'est un Envahisseur ! Nancy tout sourire le présente : « My boyfriend ! » OK, il est le temps d'aller se coucher.