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lundi 29 septembre 2008

Impression de Déjà-vu

La découverte par la presse de taux élévés de mélamine (substance toxique particulièrement pour les enfants) dans un nombre important de produits alimentaires de marque coréenne importés de Chine suscitent une inquiétude croissante chez les consommateurs sud-coréens. Les chiffres sont accablants : 80% des ingrédients utilisés dans la confection de produits alimentaires coréens proviennent de Chine. Sur les 3,14 millions de tones de produits alimentaires exportés par la Chine, 2,61 millions de tonnes furent expédiées en Corée du sud. La sécurité alimentaire des produits chinois a toujours été mise en question. Une grande part des 5,73 tonnes d’importations alimentaires stipulées non-conformes en 2007 étaient en provenance de l’empire du milieu. Le coeur du problème concerne la traçabilité et l’étiquettage des produits coréens. Difficile de savoir exactement d’où proviennent les ingrédients. Sangdo Ha, professeur à l’université Chung-Ang considère que la Chine innonde le marché coréen de ses produits alimentaires en profitant des failles juridiques sur l’étiquetage des produits et le système de quarantaine. Pour lui, une grande partie de la nourriture est “made in China”.

Le président Myungbak Lee a aujourd’hui ordonné à son gouvernement “de résoudre dès que possible le problème de la mélanine en prenant des mesures exhaustives ad hoc”. l'Administration Coréenne des Aliments et Médicaments a décidé de retirer des rayons alimentaires le gâteau Misarang à la crème anglaise et Misarang à la noix de coco de la firme Haitai et tous les produits fabriqués à base de lait en poudre ou produits laitiers chinois. Le gouvernement et le partie de la majorité entend vouloir adopter par décret une politique surnommée “Securité Alimentaire + 7” permettant d’émettre immédiatement des avertissements aux consommateurs dès réception d’informations concernant des substances alimentaires néfastes. Si les faits sont avérés, les entreprises inculpées risquent le retrait de leur licence commerciale ainsi qu’une amende pouvant aller jusqu’à dix fois les profits réalisés sur la vente du produit en question. L’inspection des produits importés va être renforcée de 20 à 30%, en particulier les pays ayant des antécédents. Par ailleurs, les importateurs seront obligés de marquer le pays d’origine des produits importés ou des produits soumis à transformation. Le législateur Hongjoon Ahn, président du Comité de la Sécurité Alimentaire, a promis que l’Assemblée Nationale allait vite adopter un comité ad hoc sur la sécurité alimentaire durant la session régulière. Afin d'assurer la protection des consommateurs, les produits laitiers sont en particulier dans le collimateur.



Le fameux produit incriminé




Décidemment, entre les alertes de la grippe aviaire, les mozzarellas italiennes à la dioxine, le boeuf américain version ESB, la graisse saturée américaine, et dans un degré moindre la découverte d’une tête de souris dans un paquet de crackers aux crevettes Nongshim et d’un bout de couteau dans une boîte de thon Dongwon, tout ça en l’espace de deux ans, les coréens ne savent plus quoi avaler. La sécurité alimentaire est devenue une des sources de préoccupation des consommateurs, de plus en plus perplexes devant le contenu de leurs assiettes. Dans ce climat de doute et d’anxiété, la réaction typique d’un gouvernement en proie à la critique citoyenne face aux dangers de l’importation est de fermer ses frontières. Bien que le danger alimentaire soit réel, certaines mesures que le gouvernement va prendre risquent à terme de créer des barrières techniques non justifiées au commerce. L'Accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires (Accord SPS) confirme le droit des pays membres de l'OMC à prendre les mesures nécessaires afin de protéger la vie et la santé des êtres humains, des animaux et des plantes. Ce droit a été inclus dans l'accord initial du GATT en 1947 comme une clause générale des autres provisions de l'accord à condition que “ce genre de mesures ne soit pas appliqué de manière à constituer un moyen de discrimination arbitraire ou non justifiée entre pays où les mêmes conditions prévalent, ou une restriction déguisée au commerce international”. Malgré cette clause générale pour l'adoption de mesures nationales visant à protéger la vie et la santé des êtres humains, animaux et plantes, il est devenu évident que les mesures sanitaires et phytosanitaires nationales sont devenues pour certains pays une manière pratique pour protéger leur marché agricole. La Corée du sud a déjà un passif intéressant en la matière avec le cas de son riz, ses eaux en bouteilles et sa boisson alcoolisée le soju. En effet, elle a furtivement mis en place des mesures légales et techniques afin de réduire l'importation de ses produits. Manque de bol, elle a perdu toutes les disputes internationales précédemment listées à l'OMC.

Ironie du sort, la Communauté Européenne avait également attaqué la Corée du sud en 1997 via l’Organe de règlement des différends de l’OMC concernant les mesures de sauvegarde définitive appliquée aux importations de certains produits laitiers, plus exactement les préparations à base de lait écrémé en poudre. Tin tin tin! Ces derniers auraient soit-disant causé un dommage grave à la branche de production nationale. La Corée du sud avait d’ailleurs perdu devant le Groupe spécial en première instance et devant l’Organe d’appel. Je ne crois pas en général à la théorie du complot mais la situation est drôlement cocasse, ne trouvez-vous pas?

mercredi 24 septembre 2008

Copie Originale

Avant même sa sortie officielle, la nouvelle série Taja (타짜) sur la chaîne télévisée SBS fait parler d’elle :

“C’est presque identique au poster du film hollywoodien!” signale un internaute sur un forum web. Réponse de la boîte de production : “seule l’ambiance est similaire. Cependant, (nous tenons à dire que) nous n’avions jamais vu le poster de ce film auparavant”.



Vraiment? Hasard malencontreux? L’affiche ressemble pourtant comme deux gouttes d’eau à celle de Promesses de l’Ombre, un film de David Cronenberg. Le film (à ma connaissance) n'est pas sorti sur grand écran en Corée du sud. L’année dernière, des faits similaires ont été remarqués avec le film Attack On The Pin-Up Boys (꽃미남 연쇄 테러 사건) qui copie outrageusement la couverture du DVD du groupe de rap américain Beastie Boys. Quant au film The President’s Last Bang (그때 그사람들), ce dernier reproduit presque fidèlement la jaquette d’un album de Blur.



Bref, les exemples ne manquent pas en Corée du sud. Un professionnel de l’industrie avoue même que “plus les films ont des coûts de production serrés plus les cas de plagiat deviennent nombreux”. Un fabriquant d’affiches explique que “si les budgets deviennent limités, les producteurs de films ne peuvent pas faire appel aux meilleurs photographes et designers et ils auront tendance à copier aisément les oeuvres étrangères”. Il faut savoir que les frais artistiques représentent entre 5 et 10% du budget marketing d'un film. Pour les séries télévisés, c’est presque 10 à 20 fois moins. Difficile dans ces conditions de recourir aux agences de création. Le pire étant que ces boîtes de production n'ont pas conscience des risques encourus. Résultat des courses, elles se retrouvent poursuivies pour plagiat ou contrefaçon. Dans certains cas, les dommages et intérêts réclamés dépassent les dizaines de millions de dollars.

La Corée du sud est pourtant membre de l'Organisation Mondiale du Commerce depuis sa création en 1995. Depuis le Cycle d'Uruguay, qui s'est tenu entre 1986 à 1994, les pays adhérents au GATT et, donc de facto à l'OMC, doivent faire respecter les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce de manière appropriée sur leur territoire. Ces droits comprennent entre autres les droits des auteurs d'oeuvres littéraires et artistiques (livres et autres écrits, compositions musicales, tableaux, sculptures, programmes d'ordinateur et films) qui sont protégés par ce que l'on appelle le droit d'auteur pendant au moins 50 ans après le décès de l'auteur.

Hélas, la Corée du sud a gardé ses mauvaises habitudes d'antan et les oeuvres artistiques des pays occidentaux sont principalement touchées. La musique en particulier. Faites le constat par vous même du clip Get Ya de Lee Hyori, hit coréen en 2006, largement inspiré de Do Something de Britney Spears. Les auteurs de la star américaine via Universal Music Publishing Korea ont d'ailleurs porté plainte pour plagiat.





Et encore, ce n'est rien. La K-Pop des années 90 reprenait parfois, sans complexe, la mélodie entière des meilleurs tubes du Billboard Top 100 (l'équivalent américain de notre Top 50, émission défunte de notre jeunesse). Quant à la diffusion d'une oeuvre musicale dans un but commercial, pas besoin de verser un sou au compositeur original, même lorsque l'on est une grande entreprise. Kookmin Bank, le premier réseau bancaire coréen, a dû retirer une publicité en 2007 suite à la plainte déposée par l'artiste libano-anglais Mika pour avoir utilisé sans autorisation une de ses chansons. Le paiement des droits à la SACEM constitue une évocation utopique pour un coréen, de l'ordre du surréalisme.

Pourtant, tout ceci est bien regrettable car les coréens, capable également de belles choses dans de nombreux domaines, se sont fait prendre à leur tour au jeu de l'expropriation intellectuelle. Pucca, Dooly, et d'autres célèbres personnages "Made in Korea" ont acquis une forte popularité en Chine. A tel point que des entreprises de commerce chinoises avaient enregistré sans complexe ces oeuvres intellectuelles à l'INPI chinoise. La commission du copyright coréen s'est ainsi lancé en 2007 dans un vaste programme d'enregistrement d'oeuvres coréennes en Chine avec la coopération des autorités locales afin de remettre les choses dans l'ordre.

Mais quid de la protection des oeuvres artistiques en général? Tant que la Corée du sud ne disposera pas de structures concrètes basé sur le droit à la propriété intellectuelle (à l'instar de la SACEM en France ou le BMI aux Etats-Unis dans le domaine de la musique), il ne sera pas facile de sensibiliser le public coréen, très peu au fait de ce droit. Difficile de surcroît dans un pays où le piratage est roi.