Le drame de Yongsan dont parlait Vincent sur ce blog est arrivé il y a maintenant un mois. L’assaut brutal de la police contre le bâtiment où s’étaient réfugiés les manifestants qui luttaient contre la destruction de leur quartier avait laissé 5 morts parmi ces derniers, et un mort parmi les policiers. Les magistrats en charge de l’enquête ont conclu que les manifestants étaient les uniques responsables du drame. Le chef de la police a démissionné pour la forme, et n’a pas été autrement inquiété. Le dossier semble clos. Le souvenir du drame s’efface déjà.
Et sur place, qu’en est-il ?
Les activistes sont toujours là. Ils ont investi le premier étage du bâtiment où le drame au eu lieu. Ils sont accompagnés de deux cars de CRS et d’une journaliste bizuth au Hankyoreh, qui grille une cigarette et semble s'ennuyer un peu. Au rez-de chaussée du bâtiment en ruine, une pièce mortuaire avec les portraits des cinq disparus, devant lesquels brûle une bougie et de l'encens.
Juste à côté, un bus de police défoncé et brûlé sert de panneau d'affichage. Caricatures, dazibaos, pamphlets, peintures. Des cris de rage et de désespoir contre une Corée qui abandonne de plus en plus d'exclus. Les activistes s'expriment. Personne n'écoute.
Derrière le bus, une poignée de flics fument en silence, accoudés sur leurs boucliers anti-émeutes. C'est calme.
Les passants passent. La gare de Yongsan est juste en face, avec son quartier rouge et ses immenses centres commerciaux modernes. Les badauds manifestent peu d'intérêt. Ils sont arrêtés par des grands-mères qui leur demandent de signer des pétitions. Certains signent. La tragédie attire toujours la sympathie, quand même.
Nous marchons dans les rues du quartier dévasté, promis au bulldozer. Pas une âme. Un Family Mart est toujours là, intact. Il reste même des produits sur les étagères. D'autres magasins sont défoncés, vitres brisées et amas d'ordures à l'intérieur. Des graffitis obscènes et menaçants ont été laissés par les gangsters qui ont été chargés de vider les habitants.
L'église du coin, en brique rouge, semble avoir été protégée. Sera-t-elle épargnée par les new towns ? Un coiffeur ouvre toujours boutique, et affiche des pamphlets de résistance contre sa vitrine. Son magasin est vide.
En arrière-plan, la silhouette vaguement menaçante des grandes tours nouvellement construites et vides assombrit l'horizon. Solitude.
Le marché autrefois convivial et chaleureux est devenu une décharge. Au milieu des ruines, une grand-mère obstinée continue à vendre trois légumes. Sa silhouette est courbée, son regard éteint fixe le monceau de débris devant elle ; dans la ruelle déserte, le vent emmène quelques prospectus déchirés.
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vendredi 27 février 2009
dimanche 8 février 2009
Tradition Farineuse
Détrompez-vous, nous ne sommes ni mardi-gras ni le jour de la Chandeleur. Après la cérémonie de remise des diplômes (au mois de février en Corée), les collégiens et lycéens coréens célébrent de manière far(am)ineuse leur entrée dans la cour des grands. La farine est bien entendu au centre de cette exercice juvénile mais d'autres ingrédients comme les oeufs ou les sauces de cuisine sont venus s'ajouter à la recette initiale pour rendre la chose plus ludique. On va même jusqu'à déchirer ou découper en lambeaux les uniformes dont le prix atteint parfois 700 000 wons (environ 500 dollars). Une tradition de plus en plus grandissante qui amène parfois à quelques excès ou coups de vice envers les abstinents, limite proches du bizutage.
Mes félicitations!
Attend, il en reste un peu
Nouvelle mode, déchirer ou découper son uniforme
Petite pause avant de repartir au front
La crève s'invite éventuellement à la tradition
Les filles ne sont pas en reste
Mes félicitations!
Attend, il en reste un peu
Nouvelle mode, déchirer ou découper son uniforme
Petite pause avant de repartir au front
La crève s'invite éventuellement à la tradition
Les filles ne sont pas en reste
Jadis Sungryemun
Vieilles photos des années 1880 de Sungryemun (plus connu sous le nom de Namdaemun ou Grande Porte du sud) prises par l'allemand Edvard Mayer, fondateur de Sechung, première entreprise commerciale sud-coréenne. Les photos, conservées comme souvenir par les descendants de Mayer ont été exhumées par le conservateur du Musée d'Honneur du centre médical Dongsan de l'université de Keimyung. Ces nouvelles (ou anciennes) images insufflent un brin de nostalgie aux sud-coréens, séparés de manière ahurissante de leur trésor national numéro 1* par un incendie criminel l'année dernière.
* Sungryemun, en pleine restauration, reste le trésor numéro 1 de la nation, devant la Pagode en Marbre du Monastère de Wongak.
Sungryemun
La ville fortifiée de Séoul
Vue de Namsan
* Sungryemun, en pleine restauration, reste le trésor numéro 1 de la nation, devant la Pagode en Marbre du Monastère de Wongak.
Sungryemun
La ville fortifiée de Séoul
Vue de Namsan
jeudi 5 février 2009
Meurtres en Série
La Corée du sud a connu une semaine agitée suite à l'arrestation le 28 janvier d'un homme de 38 ans soupçonné d’avoir kidnappé et tué une étudiante de 21 ans près d’Ansan, ville située au sud-ouest de la province de Gyeonggi. Le corps a été retrouvée dans une rizière, 37 jours après que la jeune femme soit portée disparue. La victime a été aperçue pour la dernière fois près de l’arrêt de bus du centre médical de Gunpo. Selon les enquêteurs, le mobile de Ho-sun Kang était le viol et le vol. Le meurtrier a attiré sa victime dans son véhicule pour lui subtiliser sa carte de crédit avant de l’étrangler avec ses bas de nylon. 700 000 wons (environ 500 dollars) ont été retirés avec cette carte dans une agence Nonghyung Bank. Par la suite, Kang a mis le feu à sa voiture et celle de sa mère afin de détruire les preuves de sa culpabilité. Les caméras de surveillance de l’agence bancaire et du trafic routier ont permis à la police de mettre la main sur le meurtrier. Ce dernier possède entre autres un casier judiciaire faisant état de plusieurs condamnations.
Ce petit crime de quartier ne s’arrête malheureusement pas là. Tout porte à croire que Kang soit aussi l’auteur d’une série de meurtres non-résolus dont les faits remontent jusqu’à décembre 2006. Les enquêteurs ont en effet retrouvé un couteau de cuisine, des cheveux de femme et une bague en or dans le véhicule de Kang garé dans sa ferme à Suwon. Branle-bas de combat des autorités publiques : l’Institut National de l’Enquête Scientifique a examiné les objets trouvés, des centaines de policiers ont procédé à la fouille de la propriété dans le but de découvrir d’éventuels nouveaux indices tandis que plusieurs profileurs criminels ont pris part aux interrogatoires. Une des zones d’ombre de la vie de Kang demeure l’incendie de son domicile en octobre 2005, entraînant la mort de sa quatrième femme et de sa belle-mère. Le veuf accompagné de son fils avait alors réussi à s’extirper de la maison en feu. Kang avait par le plus grand des hasards souscrit deux polices d’assurances avant que sa demeure ne s’embrase. Il reçut en dédommagement la bagatelle de 480 millions de wons (environ 350 000 dollars).
Fin janvier, retournement de situation. Alors que jusqu’ici il niait toutes ces accusations, Kang signe sa reddition en confessant le meurtre de sept femmes toutes portées disparues depuis ces deux dernières années. A l’instar de son dernier acte en date, Kang aurait approché ses victimes afin de les violer, les voler et les étrangler. Les corps ont ensuite été enterrés dans des zones à l’abri de tout regard. Kang présentera ses excuses devant les camera d'une voix calme et sans conviction qui tranche avec celle de criminels habituels. Suite à sa confession, le tueur en série a procédé début février à une reconstitution des scènes du crime dont la similitude à celle du film noir de Chang-wook Park Lady Vengeance est plus que troublante. Kang et la police ont visité les villes de Gunpo, Suwon et Hwaseong à cet effet. Les corps étaient effectivement là. Tour à tour, le meurtrier, dont le visage est masqué par son manteau et sa capuche, montrera comment il a étranglé puis enterré ses victimes. La colère des badauds présents sur le lieu était sans retenue : Des regards enflammés convergaient sur le criminel, et le large cri, multiple, la voix syncopée et immense de la foule s’élevait pour vociférer un “à mort” presque cérémonial. “Enlevez-lui sa casquette!” s’exclamait l’un d’entre-eux. Une grand-mère de 80 ans habitant près des lieux du crime se disait prêt à vouloir le tuer. Le terrible cri résonnait dans l'air de ces lieux désertiques à plusieurs reprises: "A mort!”. La police a eu du mal à contenir une foule soudainement prise d'une passion vengeresse.
Résumé géographique des crimes
Scène de reconstitution d'un des meurtres
Le tueur, accusé au total de sept meurtres commis entre décembre 2006 et décembre 2008, fait l’objet d’une vive controverse à l’échelle nationale : Pour ou contre montrer le visage des présumés coupables? En Corée du sud, les suspects ont le droit de masquer leur visage même après avoir confessé leurs crimes. Cette pratique remonte à une directive de la police en 2005 : “Les images révélant l’identité des suspects et des victimes ne doivent pas être prises dans les commissariats” afin de protéger les droits des victimes mais également les droits des suspects. La Commission Nationale des Droits de l’Homme a également donné un avis dans ce sens. Kang a ainsi été présenté à la presse muni d’une casquette, d’un masque et de la capuche de son manteau. Furia du public qui réclame le visage du coupable. Les médias ont décidé d’être fédérateurs. La photo d'identité judiciaire a été publiée par le JoongAng Ilbo et le Chosun Ilbo. Les chaînes de télévisions nationales ont ensuite emboîté le pas en dévoilant des images de Kang à visage découvert.
Une polémique similaire avait éclaté lors des arrestations de deux autres tueurs en série en 2004 et 2006. La véhémence coréenne s'est finalement estompé avec le temps. Avec ce nouveau cas, le débat est-il réouvert? En attendant, les ventes d’alarmes portables et de nunchakus ont augmenté suite à l’arrestation de Kang.
Entretien à visage caché
Ce petit crime de quartier ne s’arrête malheureusement pas là. Tout porte à croire que Kang soit aussi l’auteur d’une série de meurtres non-résolus dont les faits remontent jusqu’à décembre 2006. Les enquêteurs ont en effet retrouvé un couteau de cuisine, des cheveux de femme et une bague en or dans le véhicule de Kang garé dans sa ferme à Suwon. Branle-bas de combat des autorités publiques : l’Institut National de l’Enquête Scientifique a examiné les objets trouvés, des centaines de policiers ont procédé à la fouille de la propriété dans le but de découvrir d’éventuels nouveaux indices tandis que plusieurs profileurs criminels ont pris part aux interrogatoires. Une des zones d’ombre de la vie de Kang demeure l’incendie de son domicile en octobre 2005, entraînant la mort de sa quatrième femme et de sa belle-mère. Le veuf accompagné de son fils avait alors réussi à s’extirper de la maison en feu. Kang avait par le plus grand des hasards souscrit deux polices d’assurances avant que sa demeure ne s’embrase. Il reçut en dédommagement la bagatelle de 480 millions de wons (environ 350 000 dollars).
Fin janvier, retournement de situation. Alors que jusqu’ici il niait toutes ces accusations, Kang signe sa reddition en confessant le meurtre de sept femmes toutes portées disparues depuis ces deux dernières années. A l’instar de son dernier acte en date, Kang aurait approché ses victimes afin de les violer, les voler et les étrangler. Les corps ont ensuite été enterrés dans des zones à l’abri de tout regard. Kang présentera ses excuses devant les camera d'une voix calme et sans conviction qui tranche avec celle de criminels habituels. Suite à sa confession, le tueur en série a procédé début février à une reconstitution des scènes du crime dont la similitude à celle du film noir de Chang-wook Park Lady Vengeance est plus que troublante. Kang et la police ont visité les villes de Gunpo, Suwon et Hwaseong à cet effet. Les corps étaient effectivement là. Tour à tour, le meurtrier, dont le visage est masqué par son manteau et sa capuche, montrera comment il a étranglé puis enterré ses victimes. La colère des badauds présents sur le lieu était sans retenue : Des regards enflammés convergaient sur le criminel, et le large cri, multiple, la voix syncopée et immense de la foule s’élevait pour vociférer un “à mort” presque cérémonial. “Enlevez-lui sa casquette!” s’exclamait l’un d’entre-eux. Une grand-mère de 80 ans habitant près des lieux du crime se disait prêt à vouloir le tuer. Le terrible cri résonnait dans l'air de ces lieux désertiques à plusieurs reprises: "A mort!”. La police a eu du mal à contenir une foule soudainement prise d'une passion vengeresse.
Résumé géographique des crimes
Scène de reconstitution d'un des meurtres
Le tueur, accusé au total de sept meurtres commis entre décembre 2006 et décembre 2008, fait l’objet d’une vive controverse à l’échelle nationale : Pour ou contre montrer le visage des présumés coupables? En Corée du sud, les suspects ont le droit de masquer leur visage même après avoir confessé leurs crimes. Cette pratique remonte à une directive de la police en 2005 : “Les images révélant l’identité des suspects et des victimes ne doivent pas être prises dans les commissariats” afin de protéger les droits des victimes mais également les droits des suspects. La Commission Nationale des Droits de l’Homme a également donné un avis dans ce sens. Kang a ainsi été présenté à la presse muni d’une casquette, d’un masque et de la capuche de son manteau. Furia du public qui réclame le visage du coupable. Les médias ont décidé d’être fédérateurs. La photo d'identité judiciaire a été publiée par le JoongAng Ilbo et le Chosun Ilbo. Les chaînes de télévisions nationales ont ensuite emboîté le pas en dévoilant des images de Kang à visage découvert.
Une polémique similaire avait éclaté lors des arrestations de deux autres tueurs en série en 2004 et 2006. La véhémence coréenne s'est finalement estompé avec le temps. Avec ce nouveau cas, le débat est-il réouvert? En attendant, les ventes d’alarmes portables et de nunchakus ont augmenté suite à l’arrestation de Kang.
Entretien à visage caché
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